Le contexte
Depuis 1950, la population mondiale a doublé. Paradoxalement, la surface des terres cultivées pour la nourrir n’a augmenté que de 10 %. Ces terres subissent de très fortes pressions pour produire des aliments bon marché, et les sols s’en trouvent de plus en plus appauvris.
C’est ainsi que les pesticides de synthèse sont largement utilisés dans le monde entier depuis les années 50. Au fil du temps, ces produits chimiques ont envahi notre environnement, à la fois en raison de leur utilisation massive mais aussi, dans certains cas, de leur persistance dans l’environnement (comme le DDT).
Quelles sont les populations les plus à risque ?
Parmi les groupes de population fortement exposés ou vulnérables aux pesticides, on trouve :
- Les agriculteurs,
- Les femmes enceintes: on observe des retards de développement cognitif, des effets comportementaux et des malformations congénitales du foetus,
- Les jeunes enfants qui sont plus vulnérables aux substances toxiques et ont plus tendance à mettre les mains à la bouche. Une corrélation forte a également été mise en évidence entre l’exposition aux pesticides et l’incidence de la leucémie chez l’enfant.
Cependant, les intrants chimiques ont également des conséquences sur les adultes. Des études ont montré que plus l’exposition aux pesticides est importante, plus l’incidence de plusieurs types de cancers (prostate, poumons, etc.) et de pathologies neurodégénératives (maladie de Parkinson et d’Alzheimer) est élevée. Certains pesticides peuvent perturber les systèmes endocrinien et immunitaire.
Les conséquences sur notre alimentation
Aujourd’hui, nous mangeons de plus en plus en quantité mais notre alimentation est de plus en plus pauvre nutritionnellement. Elle contient beaucoup de sucre et de graisses saturées, la teneur en micronutriments c’est-à-dire vitamines, minéraux, oligo-éléments, enzymes, a énormément diminué. Cela est dû à la transformation des aliments mais aussi aux produits bruts eux-mêmes dont les méthodes de cultures ont changé.
Les aliments transformés (plats préparés, sauces, mélange déjà prêts, charcuterie…) :
- Sont faits à partir de produits bruts souvent de basse qualité, provenant de l’agriculture intensive car ils sont de toute façon transformés donc leur qualité importe peu. Les pesticides utilisés en agriculture intensives représentent un tiers des perturbateurs endocriniens,
- Mettent en jeu des techniques de transformation et de cuisson qui altèrent toutes les qualités nutritionnelles des aliments utilisés,
- Contiennent la plupart du temps des intrants chimiques pour la texture, la couleur et la conservation dont on ne connait pas encore bien les conséquences sur l’organisme,
- Enfin, ils sont emballés dans des matières plastiques qui dénaturent encore plus le produit.
Il faudrait 100 pommes d’aujourd’hui pour apporter le même apport en vitamine C qu’une pomme de 1950 en raison de l’évolution des méthodes de cultures (cueillette tôt et croissance plus rapide), de l’appauvrissement des sols et des croisements effectués pour obtenir les pommes les plus belles et résistantes. Alors je vous laisse imaginer la teneur en vitamine si en plus nous broyons, chauffons cette pomme à haute température pour en faire de la compote…
Ce chiffre reste à mettre en perspective car cela va dépendre du type de pomme, de son origine. Même dans les aliments réputés sains, vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligo-éléments ont été divisés par deux, par 25, voire par 100, en un demi-siècle.
Comment les éviter ? Manger des aliments le moins transformés possible, idéalement de saison, locaux et biologiques !
Les cultures biologiques permettent d’éviter les engrais chimiques, les OGM et de réduire significativement les pesticides.
Les aliments locaux et de saison permettent également d’optimiser l’apports nutritifs dans la mesure où ils ont poussé en harmonie avec la nature et les saisons, n’ont pas été transportés pour parcourir des centaines de kilomètres et cela est souvent la source d’intrants chimiques supplémentaires pour les faire voyager ou faire pousser des tomates en plein hiver.
Une méta analyse rassemblant 342 études affirme que les produits biologiques contiennent en moyenne 69% d’anti-oxydants en plus que les produits conventionnels. Les antioxydants (par exemple le bêta-carotène, phytostérols, polyphénols, la vitamine C ou E, le zinc le sélénium…), permettent de diminuer les radicaux libres libérés dans l’organisme et source de vieillissement de nos cellules. Les piégeurs de radicaux ou antioxydants (AO) sont des substances dont les molécules sont capables d'interrompre les réactions oxydatives.
Faire le choix d’une alimentation biologique c’est ainsi privilégier :
- L’environnement : faire le choix du bio, c’est privilégier un autre mode de consommation, qui va moins polluer l’air, la terre, les nappes phréatiques et promouvoir la biodiversité. Pour les animaux, on évite les antibiotiques, les hormones de croissance. Les animaux élevés en bio ont en moyenne plus d’espace et de lumière que dans les élevages conventionnels. Les sols des cultures bio ont en moyenne 1,5 fois plus de biodiversité en termes de nombre et de variétés d’insectes. Ces sols retiennent en moyenne 44% de carbone de plus que l’agriculture conventionnelle et ce type de sol a montré plus de résilience envers les changements climatiques.
- La santé : Les cultures biologiques permettent d’éviter les engrais chimiques, les OGM et de réduire significativement les pesticides. En optant pour le bio, on prend soin de sa santé mais aussi celle des personnes qui cultivent et des riverains autour des cultures !
- Le goût : les fruits et légumes biologiques sont cultivés dans le respect de la saisonnalité et cueillis à maturité. Ils contiennent plus de micronutriments et ont plus de goût. Les exploitations biologiques développent des variétés anciennes et locales qui mettent en valeur la richesse de nos territoires et favorisent la diversité dans l’assiette.
- L’impact social : consommer bio, c’est aussi encourager la production locale et le développement d’exploitations à taille humaine.
Qu’en est-il du coût de l’alimentation bio ?
Quand vous choisissez un produit non biologique, c’est comme si vous le payiez plusieurs fois : 1 fois par vos impôts, les produits de l’agriculture intensive étant massivement subventionnés ; 1 fois à la caisse ; 1 fois pour le traitement des sols, la dépollution et les frais de santé liés au système de production !
Pour éviter le surcout d’une alimentation biologique, privilégiez des enseignes spécialisées ou allez directement chez les producteurs. Le bio de supermarché n’est pas gage de qualité et n’est pas représentatif des cultures biologiques. Lorsque l’on trouve des fruits et légumes biologiques emballés, qui ont poussé hors saison dans des serres chauffées ou encore transportés par avion, cela n’est pas le reflet d’une véritable culture biologique…mais d’une stratégie marketing de grande surface qui surfe sur l’attrait grandissant des consommateurs pour le bio.
Dorénavant on trouve du quinoa d’Anjou, des graines de chia ou des pois chiches français alors faire venir des produits de l’autre bout du monde n’est plus une excuse !
Dans les grandes surfaces, on trouve aussi des produits biologiques ultra transformés qui contiennent des graisses saturées, des additifs et beaucoup de sucre…. Je pense notamment aux produits végétariens qui cherchent à « remplacer » voire « imiter » la viande, regardez l’étiquette et la constitution et vous comprendrez qu’il vaut mieux s’en passer !
Les labels bio
Obtenir un label, c'est assurer le respect d'un cahier des charges
En France, le terme "alimentation biologique" est protégé depuis 1981 et en Europe depuis 2011.
C'est la réglementation européenne qui prévaut aujourd'hui avec une équation assez simple:
BIO = Zéro pesticide + Zéro OGM
Les producteurs bio sont soumis à une obligation de moyens de production mais n'ont pas d'obligation particulières sur le résultat. Parmi les différents labels:
Label Bio Européen (Eurofeuille): 100% d'ingrédients issus du mode de production biologique ou au moins 95% de produits agricoles biologiques dans le cas de produits transformés
Agriculture Biologique (AB): Label de qualité français créé en 1985, le réglement européen interdisant aux états membres d'imposer des exigences plus fortes, il est toléré mais il a été remplacé par le sigle européen (Eurofeuille)
Bio Cohérence: Marque de filière fondée en 2009 par des acteurs du bio en réponse à la législation européenne qui diminuait les exigences du bio
Demeter: Marque internationale de certification de l'agriculture biodynamique. C'est une approche holistique respectant les principes de vie, notamment des sols qui va bien au-delà des normes biologiques
Nature & Progrès: Marque privée créée en 1972 par des acteurs et consommateurs du bio qui militent pour une agriculture respectant le vivant
A choisir, que faut-il privilégier en bio ?
Les aliments les plus exposés aux produits chimiques sont :
- Les huiles et oléagineux car les intrants chimiques on une grande affinité avec les corps gras,
- Certains fruits & légumes et en particulier les pommes, les fraises, le raisin, les pêches, les épinards, la salade, les tomates, les poivrons, les céleris, les concombres, les pommes de terre;
- Les produits issus d’animaux comme la viande, le poisson, le lait, les œufs : choisir de la viande biologique, cela signifie sans antibiotiques, sans hormones de synthèse, d’OGM ou de pesticide dans la nourriture donnée aux animaux. Cela garantit la santé et un environnement naturel pour l’animal. Par exemple, les animaux de pâtures sont nourris à l’herbe pendant la saison ce qui garantit une source d’acides gras oméga 3 dont on manque cruellement dans notre alimentation moderne. Il a été démontré que de manger de la viande biologique apporte plus de vitamine D et 50% de bonnes graisses en plus.
- Les épices, aromates et le thé : ce sont des produits séchés qui peuvent de ce fait présenter des concentrations élevées de pesticides, pas d’arômes artificiels, de colorants ou de conservateurs et sans OGM, métaux lourds et plus d’antioxydants
Sources :
- L'encyclopédie de l'alimentation durable de Marie-Laure Frechet, 2021, Editions Flammarion
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